Le monde des affaires évolue rapidement et, avec lui, les attentes des parties prenantes envers les entreprises. La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est devenue une préoccupation majeure, obligeant les sociétés à intégrer des objectifs sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG) dans leur stratégie et leur communication. Lors d’un récent événement organisé par Notified, des experts ont apporté leurs témoignages concernant la façon dont les entreprises abordent ces sujets et gèrent ces enjeux.
Avec l'entrée en vigueur de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les entreprises sont désormais tenues d'intégrer des objectifs RSE dans leur stratégie et leur communication. Cette réglementation concerne progressivement toutes les entreprises, qu'elles soient cotées ou non cotées, ainsi que les PME.
Tel que le souligne Yoan Besse - Citigate Dewe Rogerson x Grayling France « La finalité est de mettre en place un cadre commun et de faire en sorte que ce travail puisse ensuite servir l'objectif final qui est de décarboner et de d'aller vers un modèle où les entreprises qui font ce reporting contribuent positivement à la transition énergétique notamment »
Dans ce contexte, adopter une politique RSE devient une nécessité pour les entreprises avec toute la complexité que cela engendre, notamment en termes de gouvernance :
« Lorsqu’on travaille sur la CSRD, étant donné la multitude de KPIs concernés, on embarque tout le monde, en premier lieu les équipes RSE, mais aussi les équipes communication financière, les directions financières des pays, les opérations, les ressources humaines, etc. Il y a un vrai besoin de mutualiser les efforts de tout le monde, de façon à collecter les informations que l'on nous demande de promouvoir. » Sébastien Valentin – Carrefour
Bertrand Biard, VP de WMH Project, agence et nouvellement entreprise à mission, souligne également le fort impact de cette transformation sur la gouvernance de la société. En effet « l’entreprise intègre dans ses statuts une mission qui dépasse le simple exercice d'un métier ou d’un savoir-faire « mais qui place l’entreprise dans une perspective de long terme sur des enjeux sociaux, écologiques et sociétaux … Et ça nécessite notamment la création d’un comité de mission qui est ouvert à l'extérieur comme à vos collaborateurs et qui devient un organe complémentaire de de gouvernance de l’entreprise qui pilote tous les chantiers de votre mission dans toutes ses composantes, dans tous les secteurs de l'activité. ». Un vrai défi en termes structurels et qui pose la question de l’intégration de la RSE à tous les niveaux de la stratégie et du fonctionnement des entreprises.
En effet, les entreprises doivent désormais intégrer la RSE au sein de leur stratégie et de leur communication. Pour cela, elles prennent différentes mesures et définissent des objectifs spécifiques afin de répondre aux attentes des investisseurs et des parties prenantes.
Lors de la conférence, Sébastien Valentin, directeur des relations investisseurs chez Carrefour, a souligné l'importance de la RSE dans les échanges avec les investisseurs. Aujourd'hui, la RSE représente 25% des motifs de rendez-vous avec les investisseurs et nécessite une montée en compétences des équipes chargées de la communication financière. Pour répondre à ce besoin, Carrefour travaille en étroite collaboration avec ses équipes RSE pour assurer la cohérence et la qualité des informations fournies aux investisseurs.
« Nous avons une technicité en face de nous qui est très importante et on doit être capable évidemment d'y répondre parce que ça fait partie finalement de toute la compréhension que doit avoir une équipe de communication financière sur le groupe. Aujourd'hui, on parle de finance, on parle de stratégie, on parle de développement… et évidemment on doit être capable de parler de parler de la RSE, donc ça change beaucoup le métier. Ce qui est très intéressant, quand on regarde la communauté financière, c'est que nous avons des comportements de la part des investisseurs RSE qui sont très différents et parfois même antinomiques de ce qu'on voit avec des gérants traditionnels…On voit que les fonds RSE travaillent ensemble. Ils se fédèrent… c'est un activisme qui est très positif et qui nous aide à aller dans le bon sens »
Bénédicte Garbil, vice-présidente des affaires institutionnelles et de la RSE chez Carbios, a expliqué que l'intégration de la RSE est facilitée par la nature même de l'activité de l'entreprise, qui vise à développer des solutions de recyclage des plastiques et textiles. Carbios mesure et suit régulièrement ses performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et travaille en étroite collaboration avec différentes parties prenantes pour s'assurer de leur adhésion notamment dans le cadre de l’établissement de certifications tierces : « C’est finalement une force extrêmement mobilisatrice dans l'intégralité des métiers de l'entreprise. On a besoin de tous les départements, que ce soit la finance, la R&D, la Production... Et quand on fixe un objectif de certification par un tiers… … à l’arrivée on va avoir cette matière première qui va nous permette de rentrer non pas dans la transformation mais dans l'amélioration continue. Je crois donc que la simplicité alliée à un objectif de mesure externe à la hauteur de ses ambitions » permet de réaliser des progrès notables et durables dans l’engagement des parties prenantes.
Pauline Bireaud, responsable des relations investisseurs chez Pluxee, a indiqué que l'intégration de la RSE dans la stratégie et la communication de l'entreprise est un travail de collaboration entre les équipes RSE et les équipes finance. Le but étant d'identifier les risques et les opportunités liés à la RSE et de les intégrer dans la stratégie globale de l'entreprise. « Il y a encore quelques années, la RSE était considérée comme un sujet à traiter de façon ad hoc, à part, en annexe des présentations aux investisseurs. Aujourd'hui, cela doit faire partie de la stratégie des entreprises. Nous ne sommes plus en train de parler seulement de KPI à atteindre aux côtés des objectifs financiers.
Non, on est en train d'intégrer l’ensemble des sujets RSE au cœur des initiatives stratégiques. C'est à dire que ces initiatives stratégiques, doivent in fine générer un impact positif sur l'ensemble des parties prenantes qui ne soit pas que financier ».
L'évolution des réglementations et des attentes en matière de RSE a incité les entreprises à intégrer ces enjeux dans leur stratégie et leur communication financière. Les gestionnaires d'actifs portent une attention accrue aux performances ESG des entreprises dans leurs décisions d'investissement. Les entreprises doivent donc renforcer leur communication sur leur politique RSE auprès des investisseurs et parties prenantes pour répondre aux exigences de transparence et de responsabilité sociale.
Dans un monde de plus en plus soucieux des enjeux sociaux et environnementaux, la RSE est devenue un puissant levier pour les entreprises qui souhaitent démontrer leur engagement envers un développement durable et responsable. En intégrant les objectifs RSE dans leur stratégie et leur communication, les entreprises peuvent, non seulement répondre aux attentes des investisseurs et des parties prenantes, mais aussi contribuer à renforcer leur image et leur performance sur le long terme.
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